alors j’me referme solide et dur
comme une porte de coffre-fort, faible
trop simple à faire exploser
 « Au joyeux sexe café », 1995

Le 27 novembre 2024, à Montréal, tu t’es refermé pour toujours. Mais tu laisses derrière toi des traces impérissables.

Tu as été comédien, notamment dans la série télévisée Blanche.

Poète, on t’a lu dans Le Pawn Shop de l’Enfer (1997), Rose et Rasoir (1998), Dacnomanie (2000), Avant qu’le char de mon corps se mette à capoter (2009), Des longueurs dans le Styx (2018). Tu as toujours su comment, dans un minimum de mots, créer un maximum d’émotion. Ton style était percutant, intransigeant jusqu’à l’abrasion, pourtant tes mots étaient précis et ciselés comme une dentelle.

Sur scène, tes poèmes atteignaient une nouvelle dimension, quand tu les interprétais ou que tu participais à des compétitions de slam. Un poème, il fallait que ça « sonne » et que ça se vive. On t’a vu sur les scènes du Québec, du Canada et de France – tu as été finaliste de la Coupe du monde de slam-poésie de 2008, à Paris. On a pu voir de tes textes dans des voitures du métro de Paris… Tu as offert des prestations sur scène en Suède et en Pologne.

Tu as été un éditeur audacieux et généreux. Avec ton complice Carl Bessette, tu as mis sur pied les Éditions de l’Écrou. Vous avez repéré de jeunes talents qui sortaient des sentiers battus. Tu les as respectés, aimés, aidés et, ensemble, Carl et toi avez donné au Québec une génération de poètes iconoclastes, dont plusieurs sont aujourd’hui des piliers de notre poésie : Marjolaine Beauchamp, Virginie Beauregard D., Maude Veilleux, Baron Marc-André Lévesque, pour ne nommer que ceux-là… Tu as contribué à l’essor de la poésie aussi bien par leur écriture que par la tienne.   

Tu as mis la même passion et la même générosité dans ton métier de maître-malteur. « C’est beau! C’est vivant! », disais-tu toujours de ton produit. Aussi perfectionniste à l’usine que dans ton écriture, tu étais d’une intégrité sans compromis.

Tu tolérais mal la médiocrité et l’hypocrisie :

Tu m’déçois
tellement des fois
que j’veux pus rien savoir

quand trop souvent des fois, t’es portée à oublier
un des sens qu’la sémantique a attribués
à ton nom damné :

Humanité.
« Estie d’bitch », 2008

Ton écorce rugueuse cachait (mal) un homme sensible et généreux jusqu’à l’excès. Avant tout le monde, tu flairais les angoisses ou les difficultés des gens que tu croisais. Tu allais au-devant d’eux, avant même qu’ils te le demandent. Tu leur offrais ton amour et ton humour, ils en étaient soulagés.

Jeunes poètes comme jeunes malteurs trouvaient en toi un soutien et un mentor toujours prêt à aider.

Te pleurent aujourd’hui ta mère Micheline Bonenfant ; ton père Daniel (Martine Saint-Cyr) ; ton frère Alexandre (Marie-Ève Duperré) et tes demi-sœurs Marie-Pierre Leblanc (Jérémie Godin) et Marilou Michon (Fernando Hugo Boutin) ; ton ex-belle-mère Arlette Cousture ; Lyne Meilleur et ses six enfants, à qui tu vouais une amitié profonde et inconditionnelle ; ton ami et complice des Éditions de l’Écrou Carl Bessette (Elkahna Talbi) ; tes cousines, oncles et tantes, neveux et nièces, petits-neveux et petites-nièces ; la communauté québécoise et internationale de la poésie ; ainsi que tous tes collègues et amis de Canada Maltage, à Montréal et ailleurs en Amérique du Nord.   

Ta famille recevra les condoléances à la Coopérative funéraire du grand Montréal, 635, boulevard Curé-Poirier Ouest, à Longueuil, le vendredi 31 janvier 2025, de 19 h à 21 h, et le samedi 1er février, de 11 h à 13 h.

Le soir du 1er février 2025, se tiendra à ta mémoire une grande soirée de poésie. Plusieurs poètes y liront de tes textes. Les détails seront communiqués ultérieurement.

Au lieu de fleurs, nous suggérons des dons au Centre de prévention du suicide de Montréal : https://cpsmontreal.ca.

Poète, tu es disparu.

Ton œuvre à jamais demeure avec nous.